L’entreprise solidaire d’utilité sociale a ouvert une antenne régionale en 2016 à Dijon. Elle offre aux grandes surfaces des solutions sur-mesure de valorisation des invendus. Avec un  objectif environnemental et social : limiter le gaspillage et augmenter le don aux associations.

Phenix Bourgogne-Franche-Comté, créée il y a tout juste un an, a déjà pour clients une vingtaine de grandes surfaces de la région. C’est que la casse, terme consacré dans la grande distribution pour parler des invendus, grève la rentabilité des rayons. Et le préjudice est double lorsqu’il s’agit de denrées alimentaires qui font défaut aux plus démunis, comme l’illustrent les 10 millions de tonnes de produits perdus ou gaspillés chaque année en France pour l’alimentation humaine (1).

C’est de ce constat que nait Phenix en 2014. Dans le viseur de ses créateurs les invendus alimentaires mais aussi  les colles, parquets, carrelages qui finissent dans les bennes des magasins au lieu de profiter à des associations solidaires. Leurs clients : des poids lourds de la distribution et du bricolage, des producteurs, acteurs de la restauration, organisateurs d’évènementiels.

L’entreprise compte 70 salariés répartis dans 15 antennes régionales pour un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros. Elle revalorise 40 tonnes de produits par jour et la loi Garot (2016) contre le gaspillage alimentaire devrait lui garantir un bel avenir.

TRAVAIL DE TERRAIN

Alexandra Guyon, responsable de l’antenne régionale, propose à ses clients – Leclerc, Intermarché, Super U, Carrefour, Casino, Leader Price – une prestation de services sur-mesure.

Tout commence par un audit pour évaluer la réalité du gaspillage et proposer des solutions amont et aval : « Optimiser la gestion des approvisionnements, former les salariés aux bonnes pratiques du don, mieux le valoriser auprès des associations caritatives, affiner la gestion des dates courtes et faire en sorte que les bio-déchets soient valorisés dans des filières alternatives, avec l’objectif zéro déchet dans les poubelles ».

Si grâce à sa plateforme digitale Phenix mérite le qualificatif de start-up du numérique, sa valeur ajoutée est à chercher dans cet accompagnement terrain et la visite régulière des magasins.

PHENIX EN CHIFFRES

  • En France : l’équivalent de 80.000 repas redistribués, de 100 tonnes d’équivalent CO2 économisés. 70 salariés, 4 millions de CA (commissions sur gain). Son incubateur, Phenix Lab, incube des solutions innovantes de valorisation des déchets par l’entrepreneuriat ou par l’art (Upcycling). Partenariats nationaux avec les Banques alimentaires et Restos du Cœur, en signature avec la Croix Rouge.
  • En Bourgogne-Franche-Comté : 2 salariés, 20 grandes surfaces clientes (Leclerc, Intermarché, Super U) et des partenariats signés avec les banques alimentaires de Bourgogne, Franche-Comté et Jura. CA prévisionnel 2018 : 200.000 euros.
  • Phenix a obtenu en 2017 l’agrément ESUS, entreprise solidaire d’utilité sociale.

FILIÈRES LOCALES

Une fois identifiés les besoins, Phenix met en place pour chaque client une filière locale adaptée à sa situation. A la recherche de nouvelles solutions de valorisation, l’entreprise s’est associée au label Les Gueules Cassées (label antigaspi pour les légumes hors calibres) et à la plateforme numérique Zéro Gachis (optimisation des dates courtes).

Mais le plus gros de la valorisation passe par les 450 associations partenaires qui  transforment les invendus consommables en repas. En région, les banques alimentaires de Franche-Comté, Bourgogne et Jura ont déjà signé.

Et pour les grandes surfaces, les résultats sont là. La facture des bio-déchets diminue en moyenne de 40 %, tandis que le niveau de dons, à casse constante, est multiplié au moins par deux. Un avantage lorsqu’on sait qu’il est déductible de l’impôt sur les sociétés à hauteur de 60 % du montant des dons.

D’autant que Phenix a choisi un mode de rémunération à la performance: « Si le magasin ne gagne pas, nous ne sommes pas payés », précise Alexandra Guyon avant d’ajouter : «  Mais nous  gagnons systématiquement ».